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48h chrono pour réaliser un film !

Participer au 48H Film Project, c’est plonger la tête la première dans course à la créativité contre la montre. Depuis des années, l’idée de relever ce défi m’obsédait : écrire, tourner et monter un court-métrage en seulement 48 heures, avec des contraintes imposées. Une expérience à la fois stressante et hyper satisfaisante.

Après avoir gagné le prix du meilleur usage d’une contrainte l’année dernière, l’envie de retenter l’expérience cette année était une évidence. Cependant beaucoup de choses ont changé en un an. J’ai notamment rejoint l’association Focus Peaking, et c’est avec celle-ci que je voulais y participer, ce qui signifiait une toute nouvelle équipe.

Mais qu’est ce que le 48H ?

Le 48hfp (ou 48 hours film projects) est une compétition mondiale qui consiste à écrire, tourner et réaliser un film en très exactement 48h. Ce concours possède de nombreuses contraintes, il y a une durée imposée, un objet, un personnage et une ligne de dialogue qui sont imposés. En plus de cela, chaque groupe tire au sort deux genres cinématographiques et devra choisir l’un des deux aux choix. C’est aussi une compétition qui possède de nombreux prix à gagner, tel que la meilleure image, le meilleur acteur, meilleur son, meilleur montage… 

Il y en a dans de nombreux pays, comme la France ou les États Unis, mais aussi dans plusieurs régions. Rien qu’en France par exemple, il y a un 48h pour la ville de Paris, un autre pour Marseille, un autre pour Lille… Le gagnant de chaque région part en compétition nationale, et le meilleur court métrage de chaque pays part aux états unis pour la compétition mondiale.

Chapitre 1 : Mais comment préparer un film dont on ne sait rien ?

C’est probablement la plus grosse partie du défi, tout bon tournage se doit d’être bien préparé. Mais quand on a aucune idée de ce que l’on va tourner, ni même du genre cinématographique auquel on va s’intéresser, on avance les yeux bandés. 

Il y a cependant des éléments dont nous savons que nous aurons forcément besoin, comme par exemple une bonne équipe, du matériel audiovisuel (caméra, micro, logiciel de montage vidéo par exemple), des décors pouvant servir dans de nombreux contextes différents, des repas, et un lieux pour dormir, de préférence pas trop loin les uns des autres.

Dans l’ordre, pour constituer l’équipe, j’ai engagé Dana Harduin, comédienne déjà membre de l’association. J’avais déjà travaillé avec elle et nous savions que nous aurions une bonne dynamique. A la caméra, je me suis tourné vers mon pote Axel Luquet qui entrait alors en 3eme année d’études à 3IS, une école privée en région parisienne. C’est entre moi et Axel que la majorité des rôles techniques allaient être répartis. Devant la caméra, pour accompagner Dana, je fis appel à Léa Dosba, une amie talentueuse que j’ai pris l’habitude d’appeler sur tous mes projets depuis un moment. Je fis aussi appel à Victor Baudry, élève en master théâtre, un acteur avec lequel j’ai travaillé plusieurs fois, notamment sur mon précédent 48H. Pour compléter cette équipe, nous avons pris Corentine Dubois, alors élève en deuxième année de fac d’art arts du spectacle comme maquilleuse et actrice.

En ce qui concerne le matériel, je venais tout juste de m’acheter un Fujifilm X-T5, un appareil hybride photo et vidéo qui faisait envie depuis un bon bout de temps. Ce projet fut l’occasion de tester sa qualité d’image. Pour le son, nous avons fait le pari d’utiliser principalement des micro cravate de marque DJI. Axel est venu avec un moniteur externe pour plus de confort, et pour les lights, nous avons utilisé deux panneaux led RGB de marque Neewer ainsi qu’un Forza 300.

En ce qui concerne les décors, nous avons jeté un œil à plusieurs rues en extérieur, prévoyant surtout de tourner le samedi de jour. Mais si vous avez vu le court métrage, vous savez déjà que nous avons principalement tourné en intérieur et que la plupart des lieux que nous avons cherché ne nous ont pas servi infine.

Mon appartement fut désigné comme lieu de réunion et de post production en raison de sa taille (30m²) plutôt avantageuse pour travailler à plusieurs. En ce qui concerne nos repas, ma mère nous en a préparé pour tous le weekend et est venue directement nous les apporter sur place.

Chapitre 2 : Le début du concours

Malheureusement aucun de nous n’a pu se rendre à Valencienne ce soir-là, où avait lieu le tirage au sort des contraintes. Mais nous avons demandé à un membre d’une équipe concurrente de tirer nos contraintes pour nous et de nous les envoyer par message. Cela nous a tout de même offert l’avantage de nous retrouver en équipe dans mon appartement à 18h30, heure précise à laquelle les contraintes sont tombés : 

  • Personnage imposé : Hugo ou Hélène Darlan Psychothérapeute
  • Réplique imposée : Un peu de respect merci
  • Accessoire imposé : Une étoile
  • Genre cinématographique imposé : FISH OUT OF THE WATER ou HORREUR

A la seconde où nous avons vu ce genre cinématographique, nous avons su que nous partions sur un film d’horreur sans le moindre débat à ce sujet. Un autre élément qui nous a rempli de joie fut le personnage. Il faut savoir que Léa venait alors tout juste de valider son master en psychologie. Ce qui nous offrait de suite un avantage au niveau de l’écriture. Très vite, nous avons voulu que le court métrage parle d’hallucination, que le protagoniste tenterait de résoudre en allant voir un psychothérapeute. Par la suite nous est venue l’idée que ces hallucinations soient justement causées par les consultations. Le psy serait alors l’antagoniste du film se faisant passer pour un allié du protagoniste. C’est autour de cette idée que s’est développée l’écriture du film. Il n’était pas difficile d’inclure l’étoile dans des hallucinations, mais par soucis de moyens nous avons préféré faire de l’étoile un objet rattachant le protagoniste au réel. Un objet qu’il tiendrait dans ses mains comparable à la toupie du film Inception. La réplique imposée fut finalement l’élément le plus difficile à placer dans le scénario.

Nous avons fait une longue liste de toutes nos idées, fixer les lieux de tournages, les rôles et le fil rouge principal du scénario tous ensembles. Dans l’idée finale, c’est donc une psychothérapeute qui teste ses nouvelles drogues sur ses patients. Lorsque l’un deux vrille mentalement, elle l’enferme dans une cave. L’histoire suit le point de vue de l’un des patients, utilisant une étoile en origamie pour conserver un pied dans le réel et se protéger des hallucinations qu’il subit, sans se rendre compte que c’est justement sa psy qui les lui injecte. Le rôle de la psychothérapeute fut donné à Léa, elle même psy dans la vraie vie, le rôle du protagoniste est allé à Victor et Dana joua sa femme décédée.

Cette phase d’écriture a duré environ de 18h jusqu’à 23h. Moment à partir duquel nous avons estimé être trop nombreux à l’écrire. Nous avons donc décidé de confier l’écriture complète du film à Axel tout en fixant le début du tournage au samedi à 8h30. Ce qu’il a fini aux alentours de 5h du matin.

Chapitre 3 : Tournage : entre prendre son temps et perdre son temps.

Le réveil fut rude, à peine réuni nous avons défini le planning de la journée : la matinée servirait à tourner les hallucinations dans un entrepôt abandonné. La pause midi se déroulerait dans mon appartement, qui sera aussi le décor du cabinet de psy. Le local à poubelle de l’appartement allait servir de décor pour la cave pendant la soirée. 

Le temps de s’installer dans l’entrepôt, poser la caméra, maquiller les acteurs, apprendre leurs textes et se mettre en place, nous avons pu commencer le tournage à 11h. Le maquillage fut particulièrement chronophage puisqu’il devait évoluer au fur et à mesure du film, tout en restant cohérent dans son évolution, et ce malgré le fait qu’il y ait 3 lieux différents, le tout dans montage vidéo qui fait évoluer le personnage en même temps sur les 3 décors. 2H auront été nécessaires pour capturer toutes les séquences se déroulant dans l’entrepôt, mais nous n’avons eu aucun problème à y parvenir.

Les séquences du cabinet de psy furent à mon sens les plus stressantes. Le temps de déplacer tous les meubles jusqu’à obtenir un décor qui nous plaise à l’image, d’installer un HMC dans ma salle de bain et de préparer les acteurs, nous avons commencé à tourner cette séquence qu’à partir de 17h, pour finir à 21h. On peut d’ailleurs remarquer au fenêtre que la nuit a eu le temps de tomber au fur et à mesure du tournage.

Le dernier décors nous a cependant permis de rattraper notre retard, comme il était celui qui avait le moins de séquences, mais aussi les plans les plus courts à tourner. Nous avons fini le tournage à minuit 30, et sans jamais déranger les voisins malgré tous les hurlements de notre acteur principal.